Le Docteur Jacques Gay vient de publier un ouvrage qui fera date pour les amateurs de notre histoire locale : En Flânant dans les Rues d’Excideuil en Périgord, éd. A la recherche
du passé.
L’auteur âgé de plus de quatre-vingt dix ans a eu dès sa jeunesse la passion de glaner toutes les informations qui permettent de connaître le patrimoine excideuillais, la vie des gens, les
maisons qu’ils habitaient, les lieux où ils travaillaient, commerçaient et priaient. Archives nationales, livres anciens, minutes notariales, archives privées, judiciaires et administratives,
registres paroissiaux, cadastres, tables de recensements, archives municipales ou diocésaines ont été épluchés avec précision pour compléter et éclairer des souvenirs personnels, des anecdotes
entendues, et surtout des observations faites sur le terrain, quartier par quartier, rue par rue, maison par maison (sous-sol compris) et on pourrait même dire pierre par pierre… La documentation
est exceptionnelle et nous permet page après page de lire en filigrane derrière le bourg que nous voyons, le vieil Excideuil tel qu’il était, tel qu’il vivait aux siècles passés.
L’histoire d’Excideuil est en elle-même d’un grand intérêt historique. Lieu habité depuis la nuit des temps,
patrimoine du fameux Saint Yrieix aux temps mérovingiens, résidence au 13° siècle des vicomtes de Limoges, ville bourgeoise pourvue de privilèges exorbitants par Louis XI en
récompense de sa fidélité aux rois de France, terre érigée en marquisat par Louis XIII pour la famille des Talleyrand- Périgord, municipalité dynamique dès l’Ancien régime, et
choyée au 19° siècle par le Maréchal Bugeaud, ville marchande où vinrent s’installer de nombreuses communautés religieuses, elle présente en son sein toutes les couches de population dont on peut
lire en gros plan l’organisation, les conflits, les coutumes.
L’histoire de Clermont d’Excideuil entretient des rapports évidents avec celle d’Excideuil. Le seigneur de
Clermont, de Vialard et du Verdier, par exemple, Jean Chasteau était juge du Marquisat d’Excideuil au 17° s et avait sa résidence dans le bourg de la ville. Le sieur de Plampeyre, qui résidait à
La Valade en Clermont, prétendait au 18° s avoir hérité de droits sur la chapelle Saint Jean, contiguë à l’église d’Excideuil, et bien des bourgeois d’Excideuil, comme Pierre Pasquet, sieur de
Fonfarrière, tenaient de petits fiefs dans notre paroisse. Et pour chaque Clermontois- même s’il avait son bourg - Excideuil représentait, avant Périgueux, un lieu vital de rencontres ;
le marché de proximité, le centre administratif et la vie culturelle.
Le livre intéressera donc au premier chef les amateurs d’histoire, jusqu’au chercheur le plus exigeant, à qui il
apportera à coup sûr des compléments, des éclairages, des références, aussi loin qu’il ait lui-même poussé ses recherches. Chacun pourra remettre dans son contexte tel document ancien qu’il
possède, ou accéder, grâce aux transcriptions, à des archives devenues inaccessibles, quasi illisibles ou introuvables.
Une telle somme aurait mérité une
présentation plus luxueuse. Le format du livre et des caractères en rend nécessaire une lecture attentive et lente, qui n’est pas sans rappeler l’écriture fine et serrée du docteur Gay à ceux qui
ont eu le privilège de lire ses manuscrits. Les illustrations paraîtront aussi trop petites. Mais le choix de l’auteur de faire un ouvrage de vulgarisation, et de sacrifier
l’élégance du contenant à la richesse du contenu me paraît tout à fait honorable. Ces trois-cent-trente pages denses en valent mille et restent à un prix accessible à toutes les bourses (18 €).